La délivrance dans la douleur

Ce n'est pas comme on en a parlé en préparation à la naissance.
Pour mon cas, je n'ai pas eu de contraction en 1er, j'ai perdu les eaux vers minuit. Pas de panique.
"Toc toc" contre le mur. "Doudou ... !? ... Je perds les eaux" (oui on a fait chambre à part pendant les dernières semaines)
-hein ? j'arrive ...!!!....   heu.... bon heuuu...
- Prends moi une serviette ça coule. (oui c'est bien l'écoulement d'un liquide chaud et visqueux)
- je m'habille.
..."

minuit 20, on est aux urgences. Doudou va garer la voiture pendant que je m'avance dans le sasse. Personne au bureau, juste un gilet bleu sur le dossier de la chaise. Je m'avance, appelle, revient sur mes pas, repars vers les couloirs et commence -un peu- à paniquer. et là, je hausse la voix.
"s'il vous plaiiiiit !! y a quelqu'unnnn !!!"
Enfin, au fond d'un long couloir, 2 petites dames sortent d'une pièce.
"bonsoir, me dit l'une d'elle avec le sourire.
- je perds les eaux !
- très bien venez avec moi.
- le papa est parti garer la voiture.
- on l'amènera."
Me voilà partie dans les couloirs, l'ascenseur et dans la salle des sages-femme pour l'examen "toucher-monitoring".
Le col est à 1. Stéphane va chercher le gros sac et 1 heure de monitoring plus tard, on m'emmène non pas dans la salle de travail, mais dans une chambre en mater. "Ah bon?"
La nuit va être longue, très longue. Les contractions douloureuses commencent vers 2h et me voilà parti pour une séance de concentration. J'ai oublié comment respirer mais ne m'en rends pas compte et ne comprends pas pourquoi j'ai toujours mal. Je sens que les contractions se rapprochent. j'ai "oublié" ma montre et ne peux donc pas vérifier. je sonne vers 5h pour le signaler car j'ai de plus en plus mal. On me demande tous les combien de temps; je ne cesse de dire que je n'ai pas de montre. Les sages femmes ne peuvent pas venir car elles sont en urgence. Vers 7h je re-sonne car là j'ai vraiment mal.
"tous les combien ?
-je n'ai pas de montre !"
alors je commence à compter entre 2. toutes le 3 minutes environ. Enfin une sage femme arrive. le col est ouvert à 2. J'appelle Stéphane avec le téléphone de la SF car évidemment je n'en ai pas de téléphone.
"vient dans une heure".
8H je suis debout, penché sur le coussin d'allaitement, mordant et crochant mes ongles dans sa housse bleue. Je hurle de douleur, les larmes viennent. Seule, je désespère. La porte s'ouvre. La SF est revenue. Stéphane apparait derrière. Sa vue m'apaise un bref instant.
"Respirez longuement comme dans une paille."
Ah oui c'est ça !!!!    Enfin !
"vous pouvez marcher ?
- ouiiiii."

Salle d'accouchement.
"on revient"
nous voilà tous les 2 dans cette salle blanche et médicalisée à attendre, à me tordre et à gémir, courbée et me tenant à ce que je peux, de la table d'accouchement.
5 longues minutes et on m'allonge sur la table.
Je souffle, respire, râle.
"Oui je veux la péridurale." Je ne me voyais pas tenir encore des heures comme cela.
Il faut attendre un peu le col n'est pas assez ouvert. On me perfuse d'un liquide et on me branche des électrodes.

Col à 3, la péri. J'ai pas eu de bol.
La 3ième piquée sera la bonne. la 1ère le sang venait, la 2ième le catétère ne montait pas. les deux cas qui font que la péri de fonctionne pas. je les ai eu.
"C'est rare, dit l'anesthésiste"
11h15. Je respire et me détends enfin. Avec Steph on rigole même un peu.

14H col ne s'ouvre toujours pas. On me perfuse un autre liquide pour augmenter les contractions lesquelles vont ouvrir le col.
Mon CD gravé ne passe pas dans leur lecteur. J'aurai de la musique quand même. Je ne l'aime pas trop. Mais par la suite je n'entendrai plus que les SF et mes cris.
15H30 le col est effacé. Elles m'assied en tailleur pour amorcer la descente de bébé, puis vont dans la salle à côté pour faire pousser une autre maman.
16h15 elles reviennent; c'est à mon tour.
Je commence à pousser (poussée soufflé). "il va falloir pousser en bloquant pour que ce soit efficace"
Mince j'ai lu que faire que de la poussée bloqué c'est pas l'idéal.
Me voilà à pousser par série de 3. Au bout d'une heure, toujours pas grand chose, juste les cheveux. Une des SF appuie sur mon ventre pour aider mais cela fait mal. Je suis fatiguée. Je pousse encore mais en soulevant un peu le bassin.  "oui c'est bien ca !!!" Mais le bébé remonte quand j'arrête de pousser.
Elles appellent le médecin de garde. Je l'ai déjà vu donc je n'ai pas peur de lui. Ils parlent de cuillères (forceps) et un des 3 en sort d'un tiroirs.
Je pousse et crie des injures.
Ils préparent un draps roulé, le passe sur moi, sous un bras. Le médecin prend position car il veut réessayer d'appuyer sur mon ventre car la poussée est meilleure.
Je pousse et à ce moment le médecin se met sur moi et avec son coude appuie en haut de mon ventre. Je sens alors mes entrailles et hurle à la mort.
4 fois comme cela, avec des douleurs terribles mais des sensations estompée par la fatigue et la rage, je crie de moins en moins. Stéphane continue à me parler et je l'entends comme une berceuse. "vas-y... c'est bien....la tête..."
"Poussez pour l'épaule"
et là la délivrance, je sens mademoiselle Jeanne sortir de moi. Je suis soulagée.
On me la pose quelques seconde sur le ventre mais je ne la vois pas car elle est dans une serviette jaune qui lui cache le visage.

Elle passe aux soins. J'attends les cuisses écartées.
On me recoud.
Et enfin on m'apporte Jeanne. Elle tête.
Les SF vont faire les papiers.
21H on peut enfin se retrouver dans la chambre 114.

Comments

[landrellec]

Je suis vraiment désolée que tu aies eu tant à souffrir.
Je crois que les comportements des sage-femmes diffèrent d'une clinique à une autre.

Il est vrai que je suis arrivée avec des contractions très rapprochées, mais j'ai eu le droit à la péridurale dès que je l'ai demandée et ce, avec un col pas très dilaté !

Ce qui est bien, c'est que l'on oublie vite je trouve. Je me souviens avoir hurlé de douleur (et réveillé tout le quartier), mais cela reste vague.

Ce qui est bien, c'est d'avoir pu l'accueillir à deux votre petite merveille.

A t-elle pleuré ? Parce que Brieuc non et je pensais que tous les bébés pleuraient ...